La Maison de France

En 1930 et 1931, Marcel Marchais ( 1896-1933) ( polytechnicien) a été l’initiateur et l’administrateur de la construction de ce très bel ensemble architectural qu’était à l’époque la «  Maison de France ». La façade du plus pur style Art Déco a d’ailleurs été classée en 1991.

Cet immeuble donnant sur les champs Élysées, avait été conçu et construit à l’époque pour abriter l’office national du tourisme français.
La conception et l’illumination des 3 façades avaient été confiées aux établissements Jacopozzi .

Il est depuis 2005 la boutique phare de Louis Vuitton.

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Lumières dans la ville


Dans L’Illustration du  19 décembre 1931, on pouvait lire ces quelques lignes : 

Et c’est ainsi que nous pouvons admirer cette année un déjeuner de Gargantua, une vision de la jungle digne de Kipling, l’arrivée du Père Noël, une campagne de pêche dans les régions arctiques, et, pour que rien ne manque à ces parades, l’une d’elles nous fait entendre un véritable orchestre. Et l’on peut voir se profiler sur le ciel noir les auteurs de cette tonitruante sérénade qu’interrompt soudain, aux éclats de rire des petits et des grands, un potée d’eau lancée d’une mansarde

Ce spectacle urbain était devenu depuis le milieu des années 1920 une tradition annuelle, multi-générationnelle, attirant la foule à la nuit tombée. Il engendra également une émulation entre les grands magasins parisiens qui cherchèrent chacun le dispositif le plus impressionnant afin de bâtir leur réputation, ou du moins leur image de marque. Cigognes apportant des jouets, Hercule ou Gulliver, furent quelques-uns de ces tableaux lumineux qui marquèrent le plus les esprits. La presse témoigne de cet engouement, dont le principal promoteur fut Fernand Jacopozzi, reconnu pour ses talents par l’octroi du titre de commandeur de la légion d’honneur en 1932. Surnommé « le Magicien de la Lumière », il s’était déjà fait remarqué à diverses reprises et est représentatif d’une génération de jeunes électriciens-publicitaires qui contribuèrent à « spectaculariser » la rue par un usage original de l’électricité. 

Étude de l’œuvre :

Dans un contexte où l’expression « architecture of the night », forgée en 1930 par l’architecte américain Raymond Hood, commençait à se diffuser, une nouvelle réflexion sur lelien entre architecture et électricité émergea en Europe, encouragée par le développement de la publicité lumineuse durant ces années. En 1927 déjà, Walter Kurt Behrendt avait évoqué les possibilités offertes par la lumière électrique en architecture et avait remarqué que son exploitation n’en était encore qu’à ses débuts. Jusque-là, seule la publicité lumineuse avait réussi à utiliser effectivement cette nouvelle liberté. Pour illustrer ses observations, il utilisait un des immeubles des Luckardt brothersà Berlin et y traitait la publicité comme un nouveau problème formel. De même, l’architecte Hugo Häring fut l’un des premiers à définir le potentiel architectural de la publicité lumineuse, dès 1927. Il prédisait notamment que dans un proche avenir, l’apparence nocturne des édifices serait plus importante que le visage diurne : « Advertising is about to replace the architecture ». Il saluait ainsi la destruction de l’architecture à travers l’avènement de la publicité lumineuse. 

            Les décorations de Noël des grands magasins s’inscrivaient architecturalement dans ce vaste mouvement, tout en s’en démarquant : alors que l’électricité commençait à se banaliser, entre leurs mains, elle prolongea encore quelques années son caractère magique et merveilleux, d’autant que Noël constituait la période la plus propice pour la célébration de ce merveilleux. Ces dispositifs nous sont bien connus aujourd’hui, tant par la presse de vulgarisation comme La Nature, concentrée sur les mécanismes d’animation, que par la presse généraliste comme L’Illustration, sensible aux mutations éphémères du paysage urbain, ou par la presse spécialisée, comme L’Affiche. Cette variété des points de vue témoigne de la curiosité suscitée par ces dispositifs dont les enjeux dépassent la simple question esthétique : les sommes engagées par les magasins pour surprendre leur public nous donnent un indice des enjeux financiers induits par l’attraction des acheteurs potentiels. Cette circulation médiatique, entretenue par des schémas et des descriptions, contribua également à la renommée des grands magasins. 

Bibliographie indicative

  • Cabantous Alain, Walter François, Noël, une si longue histoire…, Paris, Payot, 2016
  • Neumann Dietrich, Architecture of the Night. The illuminated building, Munich, Prestel, 2002.
  • Sabatés Fabien, Jacopozzi, le Magicien de la lumière, Frédéric Douin éditions, 2017.
  • Lien de l’article original : https://habitville.hypotheses.org/tag/jacopozzi

Les illuminations de Noël

Dans le média «  Sortir à Paris » du 14 décembre 2021, vous pourrez visualiser les illuminations des grands magasins créés par Fernand Jacopozzi, immortalisées par les autochromes de Léon Gimpel, l’audace de ces décors de plus de 30 mètres de haut, ont 100 ans et pourtant la féerie est toujours là…

https://www.sortiraparis.com/arts-culture/articles/266830-les-illuminations-de-noel-a-paris-en-1925-photos

Conférence : Jacopozzi, le magicien des lumières à Versailles le 11 décembre 2019

89C5BD8C-35C9-47AD-A7C5-385059B9888FMadame, Monsieur,

J’ai le plaisir de vous convier le mercredi 11 décembre 2019 à 19h précises à la conférence (avec projections) de Mme Cécile Coutin, conservateur en chef honoraire, « JACOPOZZI le magicien des lumières » en l’Hôtel de Madame du Barry – 21, avenue de Paris à Versailles – parking aisé.

Né à Florence en 1877, Fernando Jacopozzi (1877-1932) s’installe à Paris en 1900, afin d’y trouver du travail et de venir en aide à sa famille. Il découvre la capitale française transfigurée par l’exposition universelle et est fasciné par les illuminations du Palais de l’Électricité avec ses fontaines aux couleurs changeantes. Mais une fois l’exposition terminée, il constate que Paris, la nuit, retombe dans l’obscurité. Il décide d’apprendre le métier d’électricien et se fait embaucher dans la société Paz et Silva dont il devient rapidement le directeur artistique, avant de prendre son envol et de la concurrencer. Fourmillant d’idées, il se voit confier la décoration de façades de magasins, dont celle de la maison de couture Paquin. Pour cette réalisation, il met au point un système d’allumages successifs créant un effet animé particulièrement réussi et original.

La guerre qui éclate est peu propice aux illuminations. En 1917, répondant à une commande de l’Armée, il invente une fausse ville de Paris basée sur un système d’éclairage intermittent destinée à détourner les bombardements nocturnes de l’aviation allemande. Après la guerre, il devient le roi de l’enseigne lumineuse. Chaque année, de 1918 à 1931, pour la période de Noël, les grands magasins lui commandent des décorations qui sont attendues avec passion par la clientèle. Sur une hauteur atteignant 30 mètres, Jacopozzi réalise de spectaculaires et colossales scènes animées au moyen d’un système d’allumages et d’extinctions, enchaînées très rapidement, de milliers d’ampoules

Débordant d’idées, Jacopozzi n’a de cesse de transformer Paris en ville-lumière, et d’éclairer ses principaux monuments. Il poursuit ce projet de manière grandiose, par l’illumination de la Tour Eiffel, lors de l’exposition internationale des Arts Décoratifs en 1925, grâce au mécénat d’André Citroën qui voit le nom de sa firme clignoter sur la Tour jusqu’en 1934. Jacopozzi meurt prématurément le 5 février 1932, laissant de nombreux projets en plan. Adepte du bonheur tranquille et de la douceur de vivre, il a consacré son ambition artistique et son talent à l’embellissement de Paris.

Dans l’attente de vous retrouver nombreux, recevez l’assurance de mes meilleures salutations.

Gabrielle de Talhouët, Présidente

Paris ne serait pas la Ville lumière sans Fernand Jacopozzi.