Paris ville Lumière ! Oui, mais pourquoi ?
A l’origine de ce nom il y eut un homme, un italien venu tenter sa chance à Paris comme bien d’autres …
Né à Florence le 12 septembre 1877 et aîné de 7 enfants, il arriva à Paris en 1900 et travailla d’abord en décorant des vitrines à l’occasion des fêtes de Noël, puis lui vint l’idée de remplacer la peinture par des ampoules et c’est ainsi que commença l’histoire du « Magicien de la lumière ».

Il commença par se faire remarquer lors de l’illumination des premiers Salons de l’Automobile de 1902 et 1907 au Grand Palais.
A la demande de Clémenceau, en 1918 il créera un faux Paris à partir de lumières pour leurrer les bombardiers Allemands Ce Paris artificiel avait pour but de tromper l’ennemi lors de leurs raids meurtriers en créant une fausse vie nocturne à 15km de Paris.
Cette fiction ne vit le jour qu’à la fin de la guerre en créant une fausse Gare de l’Est aux abords de Villepinte en simulant des voies ferrées ainsi que des trains en marche mais l’armistice mit finalement fin à cet ambitieux projet de camouflage. Il eut la Légion d’honneur pour cette prouesse inconnu du grand public à l’epoque.
Cette mystification historique a été détaillé dans le livre de Xavier Boissel « Paris est un leurre » ainsi que dans le Point du 16 août 2012 n°2083.
Mais ce qui fit vraiment connaître Fernand Jacopozzi fut l’éclairage de la Tour Eiffel en 1925
Ce projet lui tenait particulièrement à cœur ! Il était sûr de son fait lorsqu’il fit le siège d’André Citroën pour chercher un mécène prêt à payer pour ce projet faramineux, car après avoir convaincu les héritiers de la Tour Eiffel, la commission des Beaux-Arts ainsi que le comité de l’exposition des arts décoratifs de 1925, il fallait trouver un sponsor pour mettre en œuvre cet extraordinaire projet qui allait faire de la Tour Eiffel le flambeau de Paris.

Après le refus de Renault et de Citroën devant le coût de l’opération, Fernand Jacopozzi se tourna vers Ford qui n’était pas loin d’accepter lorsque André Citroën donna son accord, car il ne voulait pas que le nom d’une entreprise étrangère figure sur un symbole Français ! Et c’est ainsi que fut créée la première publicité lumineuse …. Fernand Jacopozzi pût enfin commencer, car il ne lui restait plus que deux mois pour installer 250 000 ampoules sur la dame de fer ! Ce pari fou donna à Paris ses lettres de noblesse dans le monde entier. Comme disait la peintre Marie Laurencin « la Tour Eiffel avait revêtu sa plus belle robe du soir ». Fernand Jacopozzi reçut à cette occasion le grand prix de l’exposition.
Pour en savoir plus sur les descendants de Gustave Eiffel, cliquez ici et pour lire l’article « Quand le magicien de la lumière rencontre la dame de fer », cliquez ici.
Commencèrent pour lui les années lumières, il transforma le Paris nocturne en 10 ans ! La mairie de Paris lui confia l’éclairage de tous les monuments historiques. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque, seules les rues étaient éclairés et tous les monuments publics étaient plongés dans l’obscurité. Il inventa à cette occasion l’éclairage indirect repris par les américains
Cette notoriété soudaine lui permit de mettre en œuvre ses rêves d’enfant, en décorant les façades des grands magasins à l’occasion des fêtes de Noël. Il pouvait mettre en lumière des scènes fantastiques qu’animaient des ampoules de toutes les couleurs. Ses allumages électriques, savamment orchestrés, faisaient la joie des petits et des grands. Ce précurseur de la décoration lumineuse donna l’impulsion à d’autres mais il ne fut jamais égalé. Il était devenu à force de travail et de volonté le metteur en scène des lumières de la nuit…

C’est à l’occasion de l’exposition coloniale de 1931 que son nom fut à nouveau sur toutes les lèvres. On lui confia l’éclairage du temple d’Angkor, de la section Italienne et des fontaines lumineuses.
L’art de la Lumière était pour mon grand père le projet de toute une vie. Il ne pût malheureusement pas le mener à terme. Il mourut brutalement en février 1932, laissant ma mère, alors âgée de 11 ans, et ma grand-mère désemparées.
Sources :
Paris est un leurre de Xavier Boissel
Le Sablier du Siècle de Pierre Marie Gallois
Quand Paris était Ville Lumière de Pierre Marie Gallois